Annaba. Scandale au service Urologie: Le Pr Kadi, chef de service, répond

Dans les colonnes du Soir d'Algérie du 22 février 2009, les lecteurs ont pu découvrir un article tendancieux au titre digne des journaux à sensation : «Centre hospitalier universitaire de Annaba. Scandale au service urologie». Cet article mettant en cause le chef de service que je suis, je ne saurai me taire surtout lorsque la volonté de jeter le discrédit est aussi patente.

De toute évidence, l'auteur n'a pas pris le soin de vérifier la véracité des dires tombant à plusieurs reprises dans la désinformation, voire la diffamation. Je reprendrai donc point par point et dans l’ordre de son texte, les éléments qui tiennent de la désinformation et ceux qui relèvent du ragot, forme la plus sévère du manque de professionnalisme.
1) Désinformation : le médecin du «secteur privé», prétexte à la cabale contre le service d'urologie, qui aurait utilisé clandestinement le bloc d'urologie, n'est autre qu'un chirurgien vasculaire, hospitalo-universitaire, bel et bien en poste au CHU d'Annaba, n'en déplaise à tous ceux qui disent et font écrire le contraire. Rien n'interdit en effet à un chirurgien hospitalo-universitaire d'accéder à un bloc de son CHU ! Je me réjouis pour ma part au contraire d'apprendre que des collègues français accèdent à celui de chirurgie pour prendre en charge des métastases hépatiques ou à celui d'ORL pour des implants cochléaires. Allez donc comprendre cette logique qui fait aujourd'hui crier au scandale quand un Algérien utilise des structures algériennes ! Quant à la malade par qui le scandale arrive, il s’agit d’une insuffisante rénale prise en charge pour la confection d’une fistule artérioveineuse pour son hémodialyse. S’il elle ne l’avait pas été, nous aurions alors donné raison à ce que déplore l’auteur de l’article qui se plaint dans le dernier paragraphe d’une prise en charge insuffisante de cette pathologie. Allez encore comprendre cette autre logique qui fait crier au scandale quand une malade est soignée par un hospitalo-universitaire dans l’enceinte même du CHU, sa structure de rattachement.
2) Ragot : suite à un article paru dans Akhar Saâ le 12 mars 2008 faisant état de mon indignation face à l'état déplorable de certaines structures du CHU Annaba et face au manque de moyens qui se répercute sur la qualité des soins, j'avais été esté en justice par la direction du CHU d'Annaba pour diffamation comme si les citoyens d'Annaba étaient dupes, comme si le constat sévère que je faisais relevait de la fabulation.
La procédure est en cours et chacun sait que l'on est innocent jusqu'à preuve de la culpabilité. Celle-ci n'est pas encore établie que déjà l’auteur se précipite pour diffuser l'info-ragot. J’attends qu’il procède avec la même diligence et la même célérité pour rétablir les choses si le tribunal prononçait la relaxe, ce en quoi je reste confiant.
3) Diffamation : l’auteur, par un tour de passe-passe, établit une relation de cause à effet entre la pseudo-diffamation de la direction du CHU, «l’affaire de l’utilisation clandestine du bloc d’urologie» et l’activité de greffe rénale. A en croire l’auteur, la greffe rénale souffrirait d’une «absence d’initiative» et serait loin des objectifs fixés par le programme national du ministère de la Santé et de la Population». S’il avait pris le soin de se rapprocher plutôt de l’équipe du service d’urologie, il aurait appris que nombreuses ont été mes démarches pour faire aboutir la greffe rénale à Annaba, et M. le directeur du CHU ne pourra pas m’accuser cette fois aussi de diffamation. Il aurait aussi appris qu’à mon initiative, trois chirurgiens du service d’urologie ont déjà été envoyés en formation en vue de la greffe rénale. Je n’ai à vrai dire jamais pu me résigner à voir que les moyens demandés par le service d’urologie pour faire de cette activité une activité pérenne n’ont jamais été honorés malgré des moyens financiers importants mis par le Ministère de la Santé à la disposition de la direction du CHU. S’agissant enfin des consultations d’urologie, l’auteur de l’article aurait dû se soucier de vérifier ses sources. Il est trop facile de dire tout et n’importe quoi en se couvrant simplement d’une pirouette de type «des sources qui restent à vérifier…. » ou par l’emploi du conditionnel. Fort heureusement, je n’aurais pas, ni moi ni mon équipe, attendu l’auteur pour être soucieux d’un serment auquel j’ai toujours cru et dont je laisse le soin et la liberté aux malades et à mes pairs d’en apprécier le respect.

Pr Abdelkrim Kadi,
Chef de service d’Urologie, CHU Annaba

Le soir d'Algérie > 28/02/09