Annaba. Trafic de ferraille : Un dossier psychiatrique pour Fellah Hacène

Selon des sources judiciaires, tous les biens mobiliers et immobiliers ainsi que les comptes bancaires de Fellah Hacène, l’un des plus grands magnats de la ferraille en Algérie actuellement sous les verrous à Annaba, font l’objet d’un séquestre judiciaire. Décidée par le procureur de la République près le tribunal d’El Hadjar, cette mesure n’est pas la seule à être prise à son encontre.

Elle a été précédée par celle du procureur général près la cour de Annaba qui a officiellement demandé à l’Assemblée populaire de la wilaya (APW) d’organiser une session extraordinaire et décider le gel de son statut d’élu et vice-président de l’APW. C’est ce qui a été fait. D’autres sources sûres affirment que des démarches sont actuellement engagées par des proches de Fellah Hacène auprès des structures sanitaires spécialisées à l’effet d’établir un dossier médical psychiatrique, pour faire du concerné un prévenu pénalement irresponsable de ses actes. En perte de vitesse depuis sa mise sous mandat de dépôt, le « lobby » de Fellah Hacène veut par tous les moyens possibles et imaginables le disculper de son dossier lourd, allant jusqu’à l’établissement d’un dossier psychiatrique antidaté. Une option qui ne peut être envisageable que s’il y a une complicité au niveau de l’EHS Errazi de Annaba, la seule structure sanitaire spécialisée de la wilaya. Sinon comment justifier les importants postes qu’il occupait, entre autres vice-président de l’APW Annaba, président de l’association d’insertion des détenus et président d’honneur du club phare de la wilaya USM Annaba. Soupçonné de blanchiment d’argent, de recours à la corruption pour briguer un haut poste politique, d’opulence ostentatoire, d’enrichissement illicite et d’abus d’influence, Hacène Fellah a été arrêté par les éléments du centre territorial de la recherche et d’investigation de Sidi Amar (DRS). Il s’agissait de la plus impressionnante arrestation opérée depuis plusieurs années dans la région, après celle perpétrée contre les 2 gestionnaires indiens de Grant Smithy Work’s (GSW), dont la firme est spécialisée également dans la récupération de la ferraille. Un des deux gestionnaires et leurs deux complices algériens purgent actuellement une peine de 2 ans de prison.

Le 1er mai 2009, Fellah Hacène a été placé sous mandat de dépôt après sa présentation devant la justice. Il lui avait fallu plus de 20 heures d’audition pour que le magistrat instructeur de la troisième chambre arrive à égrener un chapelet de malversations contenues dans cet épineux dossier révélateur de l’affairisme effréné, dont le plus important chiffre cité est 700 milliards. Evasion fiscale et transactions douteuses qui ont poussé la direction des impôts à se constituer partie civile dans ce rocambolesque scandale. Pour préserver ses droits, la direction d’ArcelorMittal s’est également constituée partie civile. De par son poste de coordinateur national de l’organisation nationale de la protection et l’insertion des détenus, dont le siège local a été scellé par le CTRI (DRS), Fellah Hacène aurait même abordé le nom d’un haut cadre du ministère de la Justice qui réside à Annaba. Sans agrément, cette organisation active depuis 2003. Devant les enquêteurs du CTRI, d’autres hautes personnalités très influentes ont été évoquées par Hacène Fellah dans l’enquête préliminaire, mais non convoquées, de par la sensibilité de leur poste. Un scandale qui a ébranlé le monde des affaires juteuses des déchets ferreux et non ferreux faisant tomber beaucoup de personnalités influentes à Annaba et « coûtant » l’avenir professionnel à tant d’autres cadres et commis de l’Etat. Bien qu’il fût un très influent vice-président de l’APW, élu sur une liste RND, son institution APW n’a pas daigné intervenir, encore moins son parti le RND, dont il est l’un des plus importants « pourvoyeurs anonymes » de fonds. Lui qui annonçait déjà avec certitude son prochain passage au Sénat est actuellement en disgrâce. D’aucuns n’imaginaient ce retour de manivelle dans un univers où la grande criminalité en col blanc a poussé la population locale à conclure à un profond malaise dans les rouages de notre sphère politique et économique.

M.F.Gaïdi [EL WATAN - 25-07-09]