Annaba. Plus de 36 500 chômeurs inscrits en trois jours

Opération recensement des chômeurs dans la commune de Annaba

Ce raz-de-marée de demandeurs d'emploi a balayé tous les chiffres et pourcentages portant sur le taux de chômage dans la région qui avoisinerait les  15% ou 16%.

Le front social, qui est en ébullition à Annaba comme partout ailleurs à travers le pays, où les jeunes chômeurs sont en première ligne pour protester - parfois violemment - contre leur situation, a amené les autorités locales à procéder à un recensement de cette catégorie de la population en vue de recruter le plus grand nombre possible selon les moyens mis à leur disposition.

Une première opération, il y a quelques jours à la salle Pax, avait rassemblé plus d'un millier de chômeurs. Elle s'était soldée par un échec puisque ce rassemblement s'est transformé en manifestation qui a tourné à l'émeute que la police d'intervention a très vite maîtrisée.

Quelque temps plus tard, un pôle-emploi a été ouvert au niveau de la Tabacoop, où chaque jour des milliers de jeunes se présentent pour s'inscrire et déposer un dossier justifiant leur niveau d'instruction, leur qualification. Ceci, toujours dans la perspective d'obtenir un emploi et ainsi sortir de la situation précaire dans laquelle ces chômeurs se trouvent. Mais cette initiative pour contenir la colère des jeunes et réduire un tant soit peu le chômage dans cette ville de l'est du pays a été l'occasion pour certains, non concernés par ces mesures, d'en profiter au détriment de ceux qui en ont besoin, si bien que le nombre d'inscrits a dépassé et de loin les prévisions.

En effet, pour le seul chef-lieu de la commune de Annaba, 36 800 jeunes ont déposé, en l'espace de trois jours, leur dossier et attendent d'être recrutés. Ce qui est quasi impossible au vu du nombre très réduit des postes offerts, révèlent des sources crédibles. Ce raz-de-marée de demandeurs d'emploi a balayé tous les chiffres et pourcentages portant sur le taux de chômage dans la région qui avoisinerait les 15% ou 16% et a donné lieu à bien des commentaires sur la réalité de ces chiffres. Or, la réalité du terrain est tout autre et a mis au jour des pratiques pour le moins répréhensibles.

En effet, des jeunes qui travaillent dans des entreprises privées et qui ne sont pas déclarés à la Cnas se sont inscrits sur les listes comme chômeurs, d'autres, des étudiants ont, eux aussi, profité de la situation pour demander un emploi, d'autres encore, ne résident pas à Annaba mais ont pu se procurer des certificats de résidence pour pouvoir s'inscrire sur ces listes, ce qui a décuplé le chiffre des chômeurs.

Une situation ingérable pour les responsables de la wilaya qui disent ne pas pouvoir répondre à tant de demandes à la fois à moins qu'il n'y ait un assainissement de ces listes et que les autorités centrales ne débloquent plus de postes pour absorber ce nombre vertigineux de demandeurs d'emploi.

En attendant, le pôle-emploi est submergé chaque jour par des centaines de jeunes, ceci sans compter les chômeurs d'El-Bouni, la commune la plus peuplée de la wilaya de Annaba, ni ceux d'El Hadjar, de Sidi Amar, d'autres localités où le nombre de sans-emploi est aussi élevé. La situation, aujourd'hui, est intenable dans la mesure où la rumeur fait état d'un revenu d'au moins 10 000 DA qui serait alloué par l'Etat à chaque chômeur.

B. BADIS [LIBERTE - 22-02-2011]