Les 1450 avocats relevant du bâtonnat de la région de Annaba, dont 366 de Guelma et 272 de Tébessa, ont menacé hier de bouder, à partir d’aujourd’hui, les audiences dans les différents tribunaux et la cour d’appel de Annaba.
Et pour cause, ils exigent des poursuites judiciaires à l’encontre de cinq policiers qui, selon eux, ont agressé jeudi dernier un des leurs dans l’enceinte du tribunal de la même ville. Cette décision a été prise à l’issue d’une réunion entre les avocats organisée avant-hier par le bâtonnier. Choquée, la victime, Me Masmoudi Zouhir, a affirmé : «Les 5 policiers en faction dans ce tribunal m’ont brutalisé parce que je fumais une cigarette comme plusieurs magistrats et avocats dans l’espace réservé aux fumeurs.» «Ni mes explications, ni mon statut d’avocat encore moins le lieu (tribunal) ne m’ont valu le salut. Au contraire, j’étais malmené sans ménagement comme un repris de justice», s’est-il plaint dans une requête transmise à notre rédaction.
Et d’ajouter : «Le certificat du médecin légiste, qui m’a accordé 6 jours d’incapacité physique, témoigne du degré de la violence que j’ai subie.» Cet incident, qui remet en cause le statut de la défense, a entraîné la solidarité des robes noires, à leur tête le bâtonnier de la région de Annaba. Saisi officiellement, le procureur de la République a auditionné l’avocat victime de l’agression avant de tenter de calmer les esprits jusqu’à l’arrivée du procureur général, seul habilité à décider des suites qui seront réservées à cette affaire peu anodine.
Les Commentaires
On doit expliquer à ces ignorants sanguinaires de policiers, les régles de conduites civilisées et fondamentales relatives au respect que l'on doit à la fonction d'avocat. frapper un avocat, c'est tout simplement contraire au droit de la défense. Le non-respect des avocats et l'absence de leur protection relève directement de la résponsabilité du ministère de la justice qui doit assurer l'exercice de leur fonction dans de bonnes conditions. Cette irrégularité est à déplorer. Ce manquement constaté est lié à un mauvais fonctionnement de notre système judiciaire. Il est révélateur d'un dispositif bloqué ou défaillant qui entrave le bon déroulement du droit.