Annaba. Dilem : Vente-dédicace de «Algérie, mon humour»

La vente-dédicace de son album « Algérie mon humour » à Annaba, hier, a valu à Ali Dilem un sympathique raz-de-marée.

Alors que la rencontre ne devait débuter qu’à 14h, la librairie Hadjar du cours de la Révolution, où la vente a eu lieu, a été prise d’assaut des heures plus tôt par une foule d’admirateurs du turbulent dessinateur. Tous, des jeunes, des moins jeunes de diverses conditions sociales, des femmes surtout, dont certaines accompagnées de leurs enfants, ont attendu patiemment, le livre à la main, que Dilem leur rende la politesse en signant la première page de la rétrospective de ses dessins sur l’actualité algérienne. Comme à son accoutumée, Dilem a, de son côté, fait preuve d’une amabilité à toute épreuve et a eu le mot qu’il fallait pour dire combien il aime ceux qui ont fait le déplacement, parfois de l’une et l’autre des wilayas avoisinantes.

Dans la file, il y avait, en effet, des gens qui étaient venus de Souk-Ahras et même de Tébessa, une ville relativement éloignée par rapport à Annaba et chacun a pu approcher l’auteur, obtenir sa dédicace personnalisée et notamment se faire photographier à ses côtés.

Visiblement ému par cet accueil d’une population avec laquelle il n’a pas eu de contact depuis juin 1993, à l’occasion de la date anniversaire de l’assassinat du président Mohamed Boudiaf, a déclaré que cette ville revêt à ses yeux une importance particulière. «La date du 29 juin qui correspond au jour où je suis né coïncide avec celle de ce jour de 1992 où le président Boudiaf a été victime du lâche attentat et je ne peux m’empêcher de penser avec beaucoup d’émotion à Annaba, chaque année», déclare-t-il. Dilem a été d’autant plus ému lorsqu’un père de famille lui a assuré qu’il ne pouvait supporter un jour sans son dessin quotidien. Beaucoup de phrases, aussi élogieuses les unes que les autres à son endroit sont allées droit au cœur de l’artiste qui a suggéré à son accompagnateur, Ali Bey Abderrahmane de la librairie du Tiers-Monde, de penser à organiser une séance de vente-dédicace où il prendrait lui-même la place du public et où il irait vers ses admirateurs, un par un, juste pour inverser les rôles. Ceci pour exprimer sa gratitude à ses milliers de lecteurs sans qui il ne serait pas, ajoutera Dilem en lançant son fameux «merci d’exister».

À un étudiant qui lui demandait ce qu’il pensait des caricaturistes étrangers qui ont récemment ciblé par leurs dessins le Prophète Mahomet (QLSSL), il a répondu qu’il n’éprouvait que du mépris à l’égard de ceux-ci. «Ce sont des actes de lâcheté à mes yeux, car cela relève de la facilité et les auteurs de dessins portant atteinte à la religion, quelle qu’elle soit, ne mesurent pas la portée de l’outrage qu’ils font aux fidèles. Ils ne subissent pas directement non plus les représailles que leurs actes suscitent. Je respecte personnellement les personnes qui assument seules leurs engagements pour une cause donnée…», dira en substance Ali Dilem à ce propos.

A. Allia [LIBERTE - 27-11-2011]