Avec ses nombreuses cliniques médicales privées, son CHU et ses services spécialisés, notamment ceux des greffes d’organes, la ville de Annaba constitue incontestablement un pôle d’excellence en matière de santé, à travers tout l’Est algérien. La maîtrise avérée des actes opératoires par des équipes chirurgicales « locales » est à souligner même si, elle pourrait représenter une arme à double tranchant. Car des services, victimes de leur succès, cela arrive également, pour preuve, ces interminables listes d’attente de patients en quête d’une greffe de rein, de cornée ou d’implant cochléaire… La politique de santé actuelle qui prône l’encouragement tout azimut de ces greffes est-elle conjoncturelle ? L’interrogation s’impose, dès lors qu’en matière d’infrastructures d’accueil, les chirurgiens sont loin d’exercer dans les conditions qu’exige leur mission. A ce titre, le savoir faire des équipes chirurgicales, désormais rodées à ce type d’intervention, devra nécessairement s’accompagner d’autres commodités d’exercice, tant elles sont, faut-il le rappeler soumises à l’obligation de moyens et non à celle de résultats. Et ce ne sera pas le battage médiatique aux relents très politiques - du moins tel qu’il est pratiqué – qui servira d’élément déclencheur pour initier de manière un tant soit peu pédagogique, la notion de don d’organe dans notre société. Le malade souffre; le médecin soigne, mais la faune d’intermédiaires (administratifs, logistiques…) dont la mission est d’assurer un accueil humain au malade et attribuer les moyens nécessaires au médecin, est loin d’incarner, cette courroie de transmission huilée, et se risque même à en constituer un frein. Car lorsque des budgets d’équipements ne sont pas consommés à échéance d’exercice, alors que des chefs de service donnent l’air de quémander du consommable, force est d’admettre que les lendemains meilleurs ne sont pas pour bientôt. Dans notre pays, les ennemis de la médecine sont la caméra et l’urne. Il est vrai que l’ambition mène à tous les reniements. Même du serment d’Hippocrate.
L'est républicain > 05/04/07 > C. Mechakra
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