Annaba. TRANSPORTS URBAINS : Le diktat des taxis a encore de beaux jours devant lui

De plus en plus, le simple citoyen se sent pris au dépourvu face à ce diktat devenu récurrent des chauffeurs de taxis. Souvent, ces derniers évoquent – pour ne pas se rendre à la destination demandée – la circulation intense. D’autres, au lieu du tarif règlementaire de 100 DA la course, veulent imposer la somme de 150, voire même 200 DA.

De nombreux cas ont été constatés, tant du côté de la gare SNTF que du côté de la gare routière (ex-SNTV). « Pour me rendre à la grande poste, j’ai dû attendre trois quarts d’heure avant de trouver un taxi qui accepte de m’y déposer, a déploré un habitante d’El Bouni. A chaque fois, on m’a évoqué la circulation. Un taxieur m’a même demandé 300 DA ! » Et ce refrain semble perdurer chaque jour que Dieu fait. « C’est à se demander s’il y a une Direction des Transports à Annaba, s’énerve un habitant du centre-ville. Ils ne font rien pour règlementer la tarification ».

Du côté des chauffeurs de taxi, beaucoup se plaignent effectivement d’une circulation étouffante, certes, mais ne chercheraient nullement à trouver une solution qui puisse satisfaire toutes les parties. « Je suis prêt à déposer n’importe qui n’importe où, nous a expliqué ce chauffeur qui a 20 ans d’expérience dans le métier. Mais c’est aux autorités de régler ce problème de circulation. Nous ne pouvons pas travailler dans de telles conditions ».

Beaucoup dans la corporation évoquent même l’idée d’une grève afin de se faire entendre. Ce qui, bien évidemment, n’est pas du goût des autorités locales, mais aussi et surtout de la clientèle qui craint une grève illimitée qui profiterait surtout aux clandestins lesquels sont déjà légion à Annaba. Beaucoup d’entre eux, d’ailleurs, se frottent les mains et espèrent ainsi récupérer une clientèle qui s’estime complètement lésée par les taxieurs officiels. Pour l’un d’entre eux, cette grève ne devrait pas changer grand-chose. « Nous autres fraudeurs continuerons à travailler, peut-être un peu plus que d’habitude, explique-t-il. D’ailleurs, la seule satisfaction qu’obtiendront les chauffeurs de taxi sera une augmentation de la tarification de la course qui passera certainement, et le plus légalement du monde à 150 DA ». Une fois de plus, à l’issue de ce bras de fer entre les autorités, Direction des Transports en tête, et les chauffeurs de taxi, les usagers se retrouveraient donc lésés face à ce bon vouloir des taxis qui, sous d’autre cieux, se feraient payer la course suite à l’affichage d’un compteur installé sur le tableau de bord et surtout, ne rouspèteraient jamais à cause d’un surnombre de véhicules.

Mais à Annaba, disposer d’une licence de chauffeur de taxi, signifie faire la loi devant des clients impuissants qui n’ont plus qu’à se soumettre voire peut-être à se déplacer à pied. Un client qui a dû débourser 200 DA pour se rendre au centre-ville n’a pas caché son désarroi. « Si notre pays avait une véritable culture du cyclisme, comme cela se fait aux Pays-Bas, il y a bien longtemps que je me serais acheté un vélo et que j’aurais usé de ce moyen de locomotion pour tous mes déplacements urbains, regrette-t-il. Mais ici, si l’on n’est pas véhiculé, on se retrouve à la merci de taxieurs et de transporteurs de tous genres qui n’en font qu’à leur tête. D’ailleurs, nos chers élus ne pensent à un réaménagement véritable de l’espace urbain avec des voies prioritaires pour les bus et les taxis. Une fois à l’APC et à l’APW, ils s’évanouissent complètement ».

Lakhdar Habib [L'EST REPUBLICAIN - 23-01-2014]