Annaba: ZONES HUMIDES - Les lacs de Fetzara, Boussedra et Boukhmira sous la loupe

Reprenant leur bâton de pèlerins, les éléments du club vert « Annab-Eco » activant au sein du Centre de Loisirs scientifiques  de Annaba, vont entamer des visites  des zones humides de la région de Annaba. En collaboration avec la Conservation des forêts et de la Maison de l’environnement, ils seront aujourd’hui mercredi 29 janvier, à pied-d’œuvre pour essayer de préserver ce qui reste à faire :  les lacs de Fetzara, Boussedra et Boukhmira. La plus étendue de ces zones est bien celle de Fetzara qui avait bénéficié d’un programme spécial mais qui a été englouti dans des eaux ou le peu qui en reste, car ce lac qui occupe quand même 18.600 hectares  représente à vue de vol d’oiseau le double de la surface  de la ville d’Annaba. Il est long de 17 km d’Ouest en Est et de 13 km  du nord au Sud. Quant à la zone inondable, elle est de 13.000 hectares.
 Ce lac se trouve à 18 kilomètres au Sud Ouest d’Annaba et à 14 kilomètres de la mer  Méditerranée. Pour ce qui est des oiseaux migrateurs qui le fréquentent nous avons remarqué cette année la disparition totale des flamands roses qui y séjournaient à chaque saison. Par contre, plusieurs variétés  ont fait l’objet d’un comptage annuel. Un oued s’y déverse et a été surnommé « Oued El Hout » au vu de la quantité importante de poissons qu’on y pêchait. Le pacage, les rejets de décombres sur ses bords sont en train d’étouffer le lac de Fetzara.
 D’autre part et c’est  ce qui  est  impardonnable et inacceptable ce sont les promotions immobilières qui s’y sont installées. On est en train d’ériger des immeubles d’habitation sur ses bords et cela est une atteinte grave à ce lieu qui fait partie des 1000 zones humides recensées dans le monde et protégées par la « Convention Ramsar » signée en Iran en 1971 et à laquelle ont adhéré 119 pays parmi lesquels l’Algérie qui en compte 42. Les autres zones humides de la région en l’occurrence celle de Boussedra qui se situe entre le lac Fetzara et la ville  d’Annaba, voit également plusieurs variétés d’oiseaux migrateurs qui viennent y nicher et qui doivent bénéficier d’une protection. Le lac de Boukhmira  se trouve, quant à lui, à l’Est de la ville d’Annaba, entre la mer et l’aéroport Rabah Bitat, à partir duquel partent les deux épis aménagés à coup  de milliards ces dernières années. Dans ce dernier lac qui est également menacé par les inondations et surtout les crues de l’Oued Bounechmaya qui s’y déverse et qui recueille les eaux usées de toute la commune d’Echatt, se trouve aussi en danger maximum. Des poules d’eau en grand nombre et des hérons ainsi que des canards y séjournent à longueur d’année. Signalons qu’une immense décharge  sauvage se trouve à quelques centaines de mètres de ses bords. Ce lac fait la joie  des pêcheurs  qui viennent passer d’agréables moments sur ses rives, particulièrement ceux qui utilisent des « éperviers ». On trouve dans ses eaux des poissons de mer mais également d’eau douce tels que des dorades, des marbrés ou des loups et des mulets. Le Club Vert « Annab-Eco » qui s’est déjà illustré dans la défense de la nature et plus particulièrement sa remontée avortée de l’Oued Seybouse qui avait dérangé beaucoup d’intérêts  verra les médias lourds assister à cette sortie qui sera suivie par une exposition les samedi, dimanche et lundi de la première semaine de février 2014.

lestrepublicain - 29 janvier 2014 - Ahmed Chabi