Annaba: ADMINISTRATION LOCALE - La daïra, un service public ?

Difficile à dire, mais c’est pourtant une réalité. Annaba, quatrième ville du pays, chef-lieu de wilaya mais aussi de daïra dispose bien d’un bâtiment officiel faisant office de daïra, lequel bâtiment est situé tout près de la Cour. Quiconque y accède pour la première fois s’attend, bien évidemment comme partout ailleurs aux lourdeurs de la bureaucratie administrative à l’algérienne. Mais, là, c’est pire. « Je me suis rendu hier à la daïra pour retirer un imprimé afin de refaite ma carte d’identité nationale, explique un salarié d’une entreprise publique. Et à chaque fois, c’est la même chose. A chaque fois, j’ai droit à une chaîne monstre complètement anarchique et où des gens sans aucun scrupule se font servir par des connaissances travaillant sur place, tandis que nous, honnêtes citoyens, nous nous faisons sans cesse rabrouer par des employés également sans foi, ni scrupule et dont on se demanderait même s’ils ont au moins la notion du service public». Retirer un imprimé et remettre un dossier dûment complété et fourni relève pratiquement de l’irréel. Se faire dépasser par une personne venue après est courant, alors que l’attente dure depuis près d’une heure déjà. Et malgré des justifications telles que « j’étais là avant vous », la réponse est la même : « Ah, non, je suis là depuis ce matin ». Outre les inconvénients bureaucratiques reste un gros point noir qui nuit fortement à la daïra de Annaba, celui de l’anarchie ambiante qui règne dans le hall d’accueil. Des hommes, des femmes, des jeunes comme des moins jeunes sont là, à attendre, à ne respecter aucune règle élémentaire de civisme. Entre discussions féminines intempestives, bousculades et autres insultes de tous genres, le citoyen lambda est loin, très loin d’avoir affaire à une administration. « Difficile de parler d’administration publique, témoigne ce citoyen complètement désabusé. J’ai vécu de nombreuses années à Alger qui est pourtant une ville plus peuplée que Annaba, mais là, je ne peux que constater que nous n’avons pas affaire à une administration. La nonchalance et l’impolitesse sont, semble-t-il, les deux mamelles de cette daïra. Citoyens comme fonctionnaires sont aux antipodes des règles les plus élémentaires de civilité et surtout, de savoir-vivre ». Et de conclure, amer : « Parfois, j’ai l’impression de me retrouver du côté d’une foire ! » Face à ces critiques, des salariés de la daïra se défendent, à l’instar de cette femme chargée des documents d’identité. « Nous n’avons pas les moyens humains de juguler une telle foule, semble-t-elle regretter. Il faudrait éventuellement changer de bâtiment pour un autre plus grand et surtout plus opérationnel. Et surtout réapprendre certaines bonne manières aux citoyens ». Un nouveau bâtiment pour la daïra ? Le mieux serait, pour le moment, que les services du ministère de l’Intérieur fassent un peu le ménage… à l’intérieur même de la daïra.

lestrepublicain.com - 06 mars 2014 -Lakhdar Habib