Annaba: TENDANCE ÉLECTORALE - Unanimité autour de la stabilité

Quoi qu’en dise l’éminent enseignant et ex ministre Rahabi, la stabilité sociale n’est pas seulement un élément de stratégie d’une légitimité sécuritaire, justifiant un 4ème mandat pour le président de la République mais c’est l’aspiration d’une majorité de la population, pour peu qu’on pose la question, à Annaba mais sûrement aussi dans le reste du pays. En effet, pour peu que l’on aborde le sujet des élections, le premier souhait de l’interlocuteur est que cela se passe bien qu’il n’y ait pas de troubles et surtout que l’on n’assiste pas à ce qui se passe dans certaines parties du monde. C’est une réalité qu’on ne peut occulter mais dont on doit tenir compte et c’est valable pour tous les candidats puisque tous promettent d’assurer un développement économique qui ne peut l’être sans…stabilité sociale. Contrairement aussi à l’idée reçue, la masse ne suit pas l’argument de la légitimité sécuritaire menant à cette stabilité sociale, elle comprend la masse, elle est intelligente et surtout au fait de ce qui se passe, la communication n’est pas verrouillée, n’est pas seulement disponible pour ceux qui veulent l’entrainer à voter. Ce qui s’est passé en Tunisie, en Libye, en Egypte, ce qui se passe en Syrie, est déjà arrivé ici, à des degrés divers mais tous aussi tragiques et c’est cette situation que ne veulent pas ou plus, vivre tous ceux approchés sur les élections à venir. Ont-ils tort de n’aspirer qu’à la paix et la sécurité ? Pourquoi les spectateurs n’avaient-ils pas rejoint les rangs des quelques protestataires du mouvement « barakat », jeudi ? Par peur ? De qui ou de quoi ? L’un des orateurs avait lui-même déclaré que « les murs de la peur ont été abattus ! ». Il y a quelques jours, une poignée de personnes avaient pris en otages toute la ville de Annaba au prétexte de demandes de logement, chaque jour d’autres se rassemblent, protestent, font grève, s’expriment d’une manière ou d’une autre. Les réseaux sociaux sur Internet n’ont jamais été aussi actifs, sans que quiconque ne tente de les verrouiller contrairement à ce qui s’est passé dans ce nouvel Eden de la démocratie qu’est la Turquie. Les gens ont tout simplement assez de cette argumentation du soulèvement populaire avec toutes les tragédies qu’il suppose et dont ils ont bien conscience, pour accéder à un avenir meilleur sur des ruines. Et au profit de qui en fin de compte ? D’un parangon de vertu, un nouveau messie comme ceux dont ont hérité les pays sur lesquels avait soufflé le vent du printemps arabe ? C’est du moins ainsi que la majorité de ceux qui ont été approchés sur les élections présidentielles prochaines, les appréhendent et ils sont plus désireux que les candidats, même s’ils ont une préférence ou ont déjà fait leur choix, s’occupent d’assurer emploi, logement, sécurité justice, éducation, développement économique et de lutter contre la corruption et tiennent tous à ce que l’on préserve cette stabilité sans en faire un enjeu électoral.

L'Est republicain  - 06 avril 2014 - Ammar Nadir