Annaba: Abattage d’animaux dangereux - Le loup, une problématique de taille

Les opérations d’abattage d’animaux dangereux vont bon train. Le total des 11 sorties pendant l’année passée, donne un bilan des plus encourageants, et des plus problématiques également. Tandis que les chasseurs mobilisés ont éliminé 508 chiens errants et 123 sangliers traînant dans des zones résidentielles, les opérations ont permis la chasse de quatre loups. Si l’abattage des chiens et des sangliers constitue une réponse à la prolifération de ces animaux ainsi que leur propension à constituer une menace réelle pour la vie des citoyens du chef-lieu, la chasse ne semble pourtant pas le moyen adéquat pour mettre fin au danger des loups. Contrairement aux chiens et aux sangliers dont le nombre est élevé, le loup est une espèce en voie d’extinction. Le Canis lupus est pourtant protégé par des conventions environnementales internationales. Tout en reconnaissant la délicatesse de la situation, Y. Chouchane, membre de l’APC et président de la commission de l’environnement explique que l’élimination des loups survient dans un contexte bien précis : « Nous opérons durant la période nocturne ce qui n’est pas idéal pour distinguer le chien du loup. En plus, les loups abattus, au nombre de quatre, ont été trouvés en pleine agglomération, à savoir la cité Rym et celle du 5 Juillet ». Ainsi, les conditions du terrain sont loin de permettre aux chasseurs d’opter pour des solutions moins radicales. « Dans toutes nos sorties, quand il est possible d’identifier un loup, nous faisons tout pour le repousser sans l’abattre » a-t-il ajouté. Ceci dit, les décisions prises sur terrain ne sont pas confortées ni confirmées par des dispositions au niveau des services compétents, à savoir la direction de l’environnement. Il y a lieu donc de se demander si la décision de laisser exclusivement aux services communaux le soin de remédier à ce fléau a bien été prise avec toutes les précautions d’usage. Ne fallait-il pas aller à la rencontre d’experts connaissant parfaitement cet animal afin de dégager des alternatives possibles à l’abattage pur et simple ? Tandis qu’il est grand temps de fournir des efforts et lutter pour la réinsertion des loups dans leurs éléments naturels, il est inadmissible de se contenter de prendre à la légère ces espèces sérieusement en voie de disparition. A relever que le loup est protégé par la convention de Berne vu que cet animal est un régulateur de la dynamique de plusieurs populations animales. Quelles mesures seraient appliquées pour ces espèces une fois le loup chassé de cette façon anarchique. « Il est certes dangereux de laisser les habitants exposés aux incursions de bêtes sauvages. Toutefois, il est du devoir des services compétents de prendre des dispositions dans le sens d’une protection aussi bien du citoyen que de l’animal lui-même menacé d’extinction » a remarqué Hichem, activiste dans une association écologiste. Pour lui, l’Algérie peine à fixer des normes concernant cet animal très important pour l’équilibre de la faune. «  Le nombre maximal de spécimens de loups dont la destruction est autorisée n’est même pas fixé avec clarté par les autorités. Il suffit d’étudier les expériences opérées à travers le monde pour trouver des compromis permettant des solutions satisfaisantes » a-t-il ajouté. A relever que dans plusieurs pays signataires de la convention, seuls les tirs de défense sont autorisés, ce qui implique l’interdiction formelle des tirs de prélèvement et le braconnage. Il est certes simple de tirer sur la bête et ainsi l’éliminer. Or, l’important n’est pas de choisir le plus facile, mais bien le plus responsable des moyens.

Le provencial  - 4 mai 2014 - Zarrougui Abdelhak